Rousseau le solitaire ?

On imagine toujours Rousseau, tout seul dans son coin, boudant l’humanité. D’ici quelques lignes, c’est sans doute la conclusion que nous pourrons tirer. Mais avant cela, il y a la petite histoire. Quand Rousseau rencontre Diderot….
Diderot, l’indiscipliné

Diderot était un de ces philosophes qui ne voulait pas se taire. Indiscipliné depuis son plus jeune âge, s’il échappa aux censeurs lors de la publication libertine Les Bijoux indiscrets, ses idées déistes, puis sceptiques, puis matérialistes, l’envoient tout droit à la prison de Vincennes.
Une histoire d’amitié …
Rousseau était revenu à Paris depuis quelques temps, un peu seul et triste d’avoir dû quitter la maison de Mme de Warens. Il fréquentait la vie mondaine afin de réussir à vivre de son art. Et un jour, Rousseau rencontre Diderot. C’est en participant à la folle entreprise qu’est l’ Encyclopédie qu’il se lia d’une intime amitié avec le jeune indiscipliné.
Et c’est en 1749 que le miracle se produisit. Diderot à Vincennes, Rousseau décida de lui rendre visite. Et sur le chemin…
Une expérience inouïe
« si jamais quelque chose a ressemblé à une inspiration subite, c’est le mouvement qui se fit en moi à cette lecture. Tout à coup, je me sens l’esprit ébloui de mille lumières ; des foules d’idées vives s’y présentent à la fois avec une force et une confusion qui me jeta dans un trouble inexprimable; je sens ma tête prise par un étourdissement semblable à l‘ivresse. Une violente palpitation m’oppresse, soulève ma poitrine ; ne pouvant plus respirer en marchant, je me laisse tomber sous un des arbres de l’avenue, et j’y passe une demi-heure dans une telle agitation qu’en me relevant j’aperçus tout le devant de ma veste mouillée de larmes, sans avoir senti que j’en répandais » (À Malesherbes, 1762).
Rien que ça.
Diderot, un ami qui vous veut du bien ?
Alors que Rousseau arrive auprès de son ami — osons-nous imaginer dans quel état ?! Diderot lui demanda ce qui l’agitait ainsi. Il lui fit part de L’Idée. Diderot l’encouragea à aller jusqu’au bout de cette pensée. Et le drame se produisit.
« Je le fis et dès cet instant je fus perdu. Tout le reste de ma vie et de mes malheurs fut l’effet inévitable de cet instant d’égarement ».
Voilà ce qu’avait découvert Rousseau : l’homme est bon et heureux par nature ; c’est la civilisation qui l’a corrompu et qui a ruiné son bonheur primitif.
FIN…